Pierre Boulez relevait dans un entretien en 1989 la différence entre le monde sonore de son Marteau sans maître et Zeitmasse de Stockhausen, écrit au même moment, tout en ajoutant qu’il n’y avait là pas automatiquement une tradition « nationale » : l’orchestre de Strauss lui paraissait beaucoup plus « séduisant » que celui de Ravel… Peut-on parler encore de nos jours de telles traditions sonores, avec les jugements de goût qui leur sont liés ? Est-ce que c’est là un cliché à déconstruire ? Quelque chose qui aurait fait retour (dans la musique spectrale, la « musique concrète instrumentale ») ? S’agit-il, avec un tel son global, de davantage que de techniques d’orchestration, et quelle est la valeur accordée à un tel enseignement en France et en Allemagne ? Les interprètes passent-ils aisément d’une culture sonore à l’autre ou peut-on parler de nos jours encore d’interprétations « authentiques » lorsqu’il s’agit de la musique des XXe et XXIe siècles ?
Modération par Martin Kaltenecker et Jörn Peter Hieke