La loi de la chute des corps de Galilée, précurseur de la gravitation, fut la première loi physique à faire apparaître
la variable temps. Depuis lors, la loi de la gravitation a connu plusieurs rebondissements théoriques
jusqu’à l’avènement en 1915 de la théorie de la Relativité Générale, dans laquelle le temps jouait un rôle particulier
et novateur, celui de dimension de l’espace-temps. La Relativité Générale est aujourd’hui testée avec
très grande précision à des échelles de l’ordre du Système Solaire et en deçà. Mais lorsque l’on applique cette
théorie aux plus grandes échelles, celles des galaxies, et plus généralement de la cosmologie, elle nécessite
l’ajout d’un « secteur sombre » de l’Univers, composé de grandes quantités de matière noire et d’énergie noire
dont nous ignorons presque tout. A moins que notre compréhension de la dynamique ne soit encore défaillante
aux échelles considérées ? Nous ferons ici le point sur cette question fondamentale, parmi les plus importantes
de la physique moderne.
Les 9 et 10 juin, l’Université de Strasbourg organise un colloque interdisciplinaire dédié au temps. Un événement scientifique et public destiné à favoriser l’émergence de projets de recherches aux confins des disciplines.
Il n’y a pas une discipline scientifique qui n’inclue la notion de temps. Chacune d’elle l’aborde à sa manière avec au final une diversité d’approches qui donne à ce concept un statut bien particulier et définitivement pluridisciplinaire. Que ce soit à l’échelle des mécanismes biologiques, à celle de l’évolution du climat ou encore à celle de la physique atomique, les temps sont bien caractéristiques. La notion de rythme et dynamique en est un autre volet que l’on peut retrouver dans les domaines de la médecine de l’économie ou encore de l’histoire. Durant deux jours, le temps sera décortiqué aux travers d’interventions et des débats bien évidemment rythmés.
L’organisation de ce colloque bénéficie du soutien du programme Investissements d’avenir de l’Université de Strasbourg.
Depuis des siècles, le temps est au centre des préoccupations de l’homme. L’homme vit en effet dans le temps
pour un temps limité, pour un temps fini comme le dirait Heidegger. Mais la complexité du temps l’amène
à s’interroger sur la réalité psychologique. Le temps existe-t-il ? Ne s’agit-il que d’une illusion ? L’objectif de
cette conférence est de définir le temps psychologique en présentant ses différentes facettes. Les récents
travaux sur le sentiment que le temps passe plus ou moins vite et le jugement du temps seront également
présentés. Un accent sera mis sur les distorsions temporelles provoquées par nos émotions et l’influence de
notre conscience d’être sujet à ces distorsions sur nos propres jugements temporels
L’évolution a retenu différentes stratégies d’économie d’énergie qui permettent aux animaux vivant dans
des régions au climat tempéré de survivre à la raréfaction des ressources alimentaires en hiver. Parmi ces
stratégies, l’hibernation est un mode de vie ralentie qui se caractérise par une baisse temporaire et réversible
de la température corporelle et un ralentissement des principales fonctions de l’organisme. Elle se traduit
donc par une diminution significative de la dépense d’énergie et de la production de radicaux libres et autres
déchets métaboliques. Des études montrent que les mammifères hibernants auraient une espérance de vie
deux fois plus longue que des mammifères non-hibernants de même taille. De plus, les espèces hibernantes
auraient survécu à différents stress environnementaux, là où des espèces non-hibernantes se sont définitivement
éteintes. Nous discuterons des mécanismes qui permettraient aux animaux hibernants de vivre
plus longtemps et de peut-être survivre à la nouvelle grande extinction que connaît la Terre actuellement.
En particulier, nous nous intéresserons au hamster d’Europe dont nous étudions les réactions aux pressions
anthropiques actuelles.
La loi de la chute des corps de Galilée, précurseur de la gravitation, fut la première loi physique à faire apparaître
la variable temps. Depuis lors, la loi de la gravitation a connu plusieurs rebondissements théoriques
jusqu’à l’avènement en 1915 de la théorie de la Relativité Générale, dans laquelle le temps jouait un rôle particulier
et novateur, celui de dimension de l’espace-temps. La Relativité Générale est aujourd’hui testée avec
très grande précision à des échelles de l’ordre du Système Solaire et en deçà. Mais lorsque l’on applique cette
théorie aux plus grandes échelles, celles des galaxies, et plus généralement de la cosmologie, elle nécessite
l’ajout d’un « secteur sombre » de l’Univers, composé de grandes quantités de matière noire et d’énergie noire
dont nous ignorons presque tout. A moins que notre compréhension de la dynamique ne soit encore défaillante
aux échelles considérées ? Nous ferons ici le point sur cette question fondamentale, parmi les plus importantes
de la physique moderne.
Littéralement mesure de l’histoire, la cliométrie symbolise la projection quantitative des sciences sociales
dans le passé. L’attribution du Prix Nobel d’économie à Robert Fogel et Douglass North, en 1993, pour avoir
renouvelé la recherche en histoire économique par l’application de la théorie économique et des méthodes quantitatives
aux changements économiques et institutionnels a indiscutablement consacré l’avènement de la discipline.
La prochaine tenue, à Strasbourg en juillet 2017, du 8e Congrès mondial de Cliométrie est un autre
exemple significatif d’une recherche tout à la fois dynamique et néanmoins ancrée dans une longue tradition.
Une revue, Cliometrica, fondée à l’Université de Strasbourg et soutenue par la Cliometric Society américaine
affiche, plus que jamais, un défi à la mesure du temps, celui de pérenniser, en continuité des travaux
fondateurs de l’Ecole historique allemande et de l’Ecole des Annales, toutes deux nées à Strasbourg dans les
années 1870-1880 et 1920-1930, les acquis du passé, tout en stimulant les recherches cliométriques à venir.
« Révolution scientifique », « révolution de l’imprimé », « Révolution américaine », « Révolution française »,
ces expressions communes dans la langue des historiens renvoient toutes à des ruptures que le seul mot « révolution
» suffit à considérer comme soudaines, spectaculaires et irréversibles ; comme si une histoire entièrement
nouvelle allait inaugurer des temps inédits. Outre que le concept de révolution est souple et soumis à
profondes variations, je voudrais montrer de quelle manière il confronte l’historien à la divergence des temps,
lui impose de situer l’événement révolutionnaire dans le temps long comme dans le temps court, par rapport
au temps individuel et au temps collectif.
Le temps qui passe accompagne la détérioration du vivant. La baisse du succès reproducteur et des chances
de survie de l’organisme, nommée sénescence, apparait cependant à des âges variables entre individus d’une
même espèce. Cette variabilité de la durée de la vie adulte reproductive « en bonne santé » est primordiale
en biologie de l’évolution, car elle détermine le temps où l’efficacité de transmission des gènes à la génération
suivante est maximale. Il y a ainsi en chaque être vivant des temps chronologique et biologique qu’il est
nécessaire de distinguer pour mieux comprendre les mécanismes d’évolution. A quelle étape de sa vie un
individu se situe-t-il, est-il vieux pour son âge ? Une démarche identique s’applique à l’échelle des espèces,
qui oscillent entre apparition, expansion et disparition, mais sur un temps plus lent dit géologique. Existe-t-il
un paramètre biologique permettant de déterminer si une espèce est plus ou moins proche de l’extinction ?
Pour toutes ces questions où temps chronologique, géologique et biologique se télescopent, l’étude de l’ADN
pourrait être la clef d’une meilleure compréhension de la gestion du temps par l’évolution.
Les psychiatres ont décrit une rupture du sens de la continuité du temps chez les patients souffrant de schizophrénie,
et l’ont mise en relation avec les troubles de l’identité personnelle qui caractérisent cette pathologie.
Pour objectiver ces troubles, il faut comprendre d’où vient le sens de la continuité du temps. L’expérimentation
a montré l’existence de fenêtres temporelles de 30-50 ms à l’intérieur desquelles tous les événements
sont jugés simultanés. Ces fenêtres seraient les briques à partir desquelles se construit le sens de la continuité
du temps. Nous avons suggéré un mécanisme complémentaire en mesurant des biais de réponses implicites
(à l’insu des sujets), et en montrant que les informations sont traitées automatiquement les unes après les
autres à l’intérieur des fenêtres. Selon nos résultats, suivre les événements de façon continue implique des
mécanismes de prédiction de séquences d’informations sur des échelles temporelles inférieures à 50 ms. Ces
mécanismes semblent altérés chez les patients souffrant de schizophrénie. Nous donnerons un exemple dans
le domaine moteur, qui suggère un lien entre les anomalies temporelles et des composantes du sens de soi.
Le compositeur français Gérard Grisey (1946-1998), représentant majeur du courant « spectral », s’est intéressé
au temps musical de façon régulière au cours de sa carrière. En s’appuyant sur ses écrits théoriques qui
abordent les questions de temporalité de façon approfondie en rapport avec sa musique, par exemple dans
l’article « Tempus ex machina, réflexions d’un compositeur sur le temps musical » (1980, révisé en 1985),
quelques chercheurs du GREAM s’intéressent pour la première fois aux questions d’interprétation et de réalisation
concrète du cycle des Espaces acoustiques (six oeuvres pour orchestre ou ensembles écrites par ce compositeur
entre 1974 et 1985). Ces recherches sont effectuées en collaboration avec l’orchestre des étudiants
de la Haute Ecole des Arts de Zürich et le chef d’orchestre Pierre-André Valade, spécialiste de ces répertoires
et musicien de réputation internationale. L’intervention de Pierre Michel exposera ainsi les objectifs et l’état
actuel de ce travail de recherche en chantier sur les aspects performatifs, sur la réalisation de l’oeuvre dans un
contexte spécifique et particulièrement intéressant au regard de la problématique du temps.
Certains systèmes dynamiques engendrent des trajectoires chaotiques : leur comportement dépend de la
condition initiale de manière très sensible. C’est le fameux effet papillon. Cependant, en effectuant des statistiques
sur ces trajectoires, on s’aperçoit qu’elles ne sont pas si imprévisibles. Le même phénomène apparait
avec bon nombre de trajectoires aléatoires, par exemple, celles des processus de Markov. En moyennant sur
le temps, ou bien sur le hasard, on tombe sur des statistiques calculables.
Il s’agit d’analyser la conception singulière de la temporalité qui se manifeste dans les pensées et les mouvements
politico-religieux se réclamant du messianisme millénariste et/ou de l’apocalypse. S’ils proclament
tous l’imminence de la « fin des temps » et la « contraction » temporelle qu’elle implique (cf. les « Epîtres »
de Saint Paul), ils divergent cependant sur la détermination du moment de la césure et sur les conséquences
pratiques qu’elle implique.
La « maîtrise » de l’environnement pose aujourd’hui question, avec des changements globaux (climat, canicule…),
une « anthropocène » façonnée par l’action humaine et, en regard, une anthropisation/artificialisation
de la nature (modèle contrôlé du « jardin », nature en ville…). Les temporalités sont ici essentielles, tant
pour l’analyse sociologique que pour l’action publique et les prises de conscience individuelles. Des temps
différents s’entrechoquent en fonction des acteurs, de leurs intérêts et valeurs : comment vivre au temps
de la « crise » environnementale, qui coïncide avec des tensions économiques et sociales (crise mondiale
de 2008…) ? Les politiques publiques prônent la « transition » (écologique et énergétique), en appelant à un
citoyen actif pour les « générations futures » mais cadré par des « bonnes pratiques ». Et le tout renvoie au
répertoire de la « durabilité », que certains voient comme une rupture avec la seule croissance économique,
d’autres comme une légitimation de continuité (par exemple, pour les élus, en fonction des durées des mandats),
et d’autres encore opposent une « décroissance » qu’imposerait la finitude des ressources naturelles.
Circadian Clocks allow individual organisms to co-ordinate their biochemical, physiological and behavioral
functions with a periodicity of ~24 h. Previous studies have shown that restricted fed (RF) mice which have
access to food only during the rest phase but not during the activity phase (both of which being under the
control of the suprachiasmatic nucleus (SCN) central clock) generate a metabolic syndrome due to a twelve
hour shift of both peripheral CCs and expression of CC output genes, such that genes which were expressed in
the active phase are now expressed during the rest phase, and vice versa. As RF does not shift the SCN central
CC nor the activity and rest phases there is a twelve hour misalignment between the central and peripheral
clocks, and also between the expression of peripheral CC output genes and the phases of rest and activity,
thus leading into the development of a metabolic syndrome. The aim of the present study was to investigate
whether a 12 hour exposure of the mouse to a high intensity light could shift the SCN CC and the locomotor
activity by 12 hours, and whether such a light exposure could be used to correct the RF pathology by realigning
the SCN and periphral clocks. Our results show that a high intensity light exposure could indeed shift
by 12 hours the SCN CC, as well as the activity and rest phases. Furthermore, when RF mice were exposed to
a high intensity light during their active period (the subjective night), their SCN CC was shifted by 12, which
resulted in its realignment with the peripheral CCs and consequently with both the expression of peripheral
CC output genes and the time of feeding, thereby resulting in the normalization of the RF pathology conditions.
Les phénomènes physiques se déroulent durant des laps de temps très différents selon leur nature qui peut
être mécanique, chimique ou encore optique. Pour les observer, les scientifiques utilisent des caméras dont
la vitesse d’acquisition varie selon l’échelle temporelle des phénomènes à observer. Le laboratoire ICube développe
des systèmes imageurs qui couvrent la plage temporelle de la seconde à la picoseconde. Les caméras
les plus rapides du laboratoire sont capables de réaliser des ralentis extrêmes jusqu’à figer la propagation de la
lumière elle-même. Les spécificités des imageurs rapides seront exposées avec notamment les imageurs par
rafale et l’approche à balayage de fente. Des exemples de mesures viendront illustrer les phénomènes observables
à des échelles de temps milliseconde, microseconde et picoseconde.
Les deux dernières décennies ont été marquées par l’émergence des nouveaux nano-matériaux carbonés qui
ont fortement contribué au développement de nouvelles applications tant dans le domaine de l’électronique
que dans celui de la santé et de la catalyse. Dans cette présentation la combinaison du temps et de l’imagerie
dans des phénomènes catalytiques, ayant lieu lors de la nano-structuration des composés à base de graphène
par des nanoparticules catalytiques, sera présentée et discutée. Les analyses in-situ du processus catalytique,
à des échelles de temps extrêmement courtes, ont permis de mettre en évidence des phénomènes physico-
chimiques activés conjointement par la température et par le milieu réactionnel et d’accéder à la nature
dynamique du processus à l’échelle atomique. La compréhension des mécanismes mis en jeu a permis de
mieux comprendre les propriétés des structures carbonées après la nano-structuration. Les résultats inédits
ont été obtenus grâce à la mise en commun des compétences spécifiques des diverses domaines, sciences de
matériaux, microscopie électronique et catalyse.