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Les temps de l'être

Mme Sylvie Droit-Volet

Sylvie Droit-Volet est professeur à l’université de Clermont-Ferrand. Elle dirige l’équipe de recherche « Émotion, affect et cognition » dans le Laboratoire de Psychologie Sociale et Cognitive (LAPSCO, UMR 6024). Les sujets de ces travaux de recherche portent sur la perception du temps plus précisément l’attention et mémoire, la perception du temps par l’enfant et l’adulte.

Depuis des siècles, le temps est au centre des préoccupations de l’homme. L’homme vit en effet dans le temps
pour un temps limité, pour un temps fini comme le dirait Heidegger. Mais la complexité du temps l’amène
à s’interroger sur la réalité psychologique. Le temps existe-t-il ? Ne s’agit-il que d’une illusion ? L’objectif de
cette conférence est de définir le temps psychologique en présentant ses différentes facettes. Les récents
travaux sur le sentiment que le temps passe plus ou moins vite et le jugement du temps seront également
présentés. Un accent sera mis sur les distorsions temporelles provoquées par nos émotions et l’influence de
notre conscience d’être sujet à ces distorsions sur nos propres jugements temporels

Durée :

Colloque interdisciplinaire « Temps »

Du au

Patio, Strasbourg

Université de Strasbourg

Les 9 et 10 juin, l’Université de Strasbourg organise un colloque interdisciplinaire dédié au temps. Un événement scientifique et public destiné à favoriser l’émergence de projets de recherches aux confins des disciplines.

Il n’y a pas une discipline scientifique qui n’inclue la notion de temps. Chacune d’elle l’aborde à sa manière avec au final une diversité d’approches qui donne à ce concept un statut bien particulier et définitivement pluridisciplinaire. Que ce soit à l’échelle des mécanismes biologiques, à celle de l’évolution du climat ou encore à celle de la physique atomique, les temps sont bien caractéristiques. La notion de rythme et dynamique en est un autre volet que l’on peut retrouver dans les domaines de la médecine de l’économie ou encore de l’histoire. Durant deux jours, le temps sera décortiqué aux travers d’interventions et des débats bien évidemment rythmés.

L’organisation de ce colloque bénéficie du soutien du programme Investissements d’avenir de l’Université de Strasbourg.

Thème(s) : Arts et Culture Enseignement supérieur Sciences

Lettres, Arts, Langues et Civilisations, Sciences humaines, sociales, de l’éducation et de l’information, Sciences fondamentales

Producteur : Université de Strasbourg

Réalisateur : Université de Strasbourg

Conférence plénière

Les temps de l'être

Mme Sylvie Droit-Volet

Sylvie Droit-Volet est professeur à l’université de Clermont-Ferrand. Elle dirige l’équipe de recherche « Émotion, affect et cognition » dans le Laboratoire de Psychologie Sociale et Cognitive (LAPSCO, UMR 6024). Les sujets de ces travaux de recherche portent sur la perception du temps plus précisément l’attention et mémoire, la perception du temps par l’enfant et l’adulte.

Depuis des siècles, le temps est au centre des préoccupations de l’homme. L’homme vit en effet dans le temps
pour un temps limité, pour un temps fini comme le dirait Heidegger. Mais la complexité du temps l’amène
à s’interroger sur la réalité psychologique. Le temps existe-t-il ? Ne s’agit-il que d’une illusion ? L’objectif de
cette conférence est de définir le temps psychologique en présentant ses différentes facettes. Les récents
travaux sur le sentiment que le temps passe plus ou moins vite et le jugement du temps seront également
présentés. Un accent sera mis sur les distorsions temporelles provoquées par nos émotions et l’influence de
notre conscience d’être sujet à ces distorsions sur nos propres jugements temporels

Exposés flash

Vivre au ralenti pour vivre plus longtemps

Mme Caroline Habold

Institut pluridisciplinaire Hubert Curien (IPHC) - UMR 7178 Les recherches de Caroline Habold visent à comprendre par quels mécanismes adaptatifs les animaux réagissent aux modifications de leur environnement et/ou les anticipent. Compte tenu de la sévérité des variations saisonnières en disponibilité des ressources et de la priorité à donner au maintien de l’équilibre de la balance énergétique, l’évolution a conduit à des stratégies comportementales, morphologiques et physiologiques qui favorisent l’économie d’énergie. Caroline Habold s’intéresse à trois stratégies en particulier : 1/ les adaptations digestives aux alternances de pléthore et pénurie alimentaires, 2/ le comportement d’ingestion spontanée de matière non digestible ou pica, 3/ les économies d’énergie par hypométabolisme et les limites de cette adaptation aux variations de la disponibilité alimentaire devenue stochastique dans un environnement à fort impact humain. Par rapport aux approches classiques en écologie, elle privilégie une approche écophysiologique, et donc fonctionnelle et intégrative, combinant des études de physiologie énergétique, écologie, génétique, biologie moléculaire et imagerie fonctionnelle.

L’évolution a retenu différentes stratégies d’économie d’énergie qui permettent aux animaux vivant dans
des régions au climat tempéré de survivre à la raréfaction des ressources alimentaires en hiver. Parmi ces
stratégies, l’hibernation est un mode de vie ralentie qui se caractérise par une baisse temporaire et réversible
de la température corporelle et un ralentissement des principales fonctions de l’organisme. Elle se traduit
donc par une diminution significative de la dépense d’énergie et de la production de radicaux libres et autres
déchets métaboliques. Des études montrent que les mammifères hibernants auraient une espérance de vie
deux fois plus longue que des mammifères non-hibernants de même taille. De plus, les espèces hibernantes
auraient survécu à différents stress environnementaux, là où des espèces non-hibernantes se sont définitivement
éteintes. Nous discuterons des mécanismes qui permettraient aux animaux hibernants de vivre
plus longtemps et de peut-être survivre à la nouvelle grande extinction que connaît la Terre actuellement.
En particulier, nous nous intéresserons au hamster d’Europe dont nous étudions les réactions aux pressions
anthropiques actuelles.

La gravitation à l'épreuve des grandes échelles

M. Benoit Famaey

Observatoire astronomique de Strasbourg - UMR 7550 - Benoit Famaey a obtenu son doctorat à l’Université Libre de Bruxelles en 2004, avec une thèse sur « La cinématique et la dynamique de étoiles géantes dans le voisinage solaire ». Il est ensuite parti en postdoctorat au « Rudolf Peierls Center for Theoretical Physics » de l’Université d’Oxford, où il a commencé à s’intéresser aux liens entre le problème de la matière noire et la loi de la gravitation. Il est ensuite revenu à Bruxelles pour un autre postdoc, avant de partir à l’Université de Bonn, puis enfin d’être recruté en 2009 comme Chargé de Recherche CNRS à l’Observatoire astronomique de Strasbourg, où il est responsable de l’équipe « Galaxies » depuis 2013.

La loi de la chute des corps de Galilée, précurseur de la gravitation, fut la première loi physique à faire apparaître
la variable temps. Depuis lors, la loi de la gravitation a connu plusieurs rebondissements théoriques
jusqu’à l’avènement en 1915 de la théorie de la Relativité Générale, dans laquelle le temps jouait un rôle particulier
et novateur, celui de dimension de l’espace-temps. La Relativité Générale est aujourd’hui testée avec
très grande précision à des échelles de l’ordre du Système Solaire et en deçà. Mais lorsque l’on applique cette
théorie aux plus grandes échelles, celles des galaxies, et plus généralement de la cosmologie, elle nécessite
l’ajout d’un « secteur sombre » de l’Univers, composé de grandes quantités de matière noire et d’énergie noire
dont nous ignorons presque tout. A moins que notre compréhension de la dynamique ne soit encore défaillante
aux échelles considérées ? Nous ferons ici le point sur cette question fondamentale, parmi les plus importantes
de la physique moderne.

La cliométrie, un défi à la mesure du temps !

M. Claude Diebolt

Bureau d'économie théorique et appliquée (BETA) - UMR 7522 - Claude Diebolt est Directeur de recherche CNRS à l’Université de Strasbourg. Il est le rédacteur en chef fondateur de la revue Cliometrica (Springer Verlag). Claude Diebolt est aussi Président fondateur de l’Association Française de Cliométrie et ancien Président de la Cliometric Society américaine. Il vient de publier le Handbook of Cliometrics et sera l’organisateur, en juillet 2017 à Strasbourg, de la 8e édition du Congrès mondial de cliométrie. Il enseigne la cliométrie, pour l’essentiel au sein des Universités de Strasbourg et Humboldt de Berlin.

Littéralement mesure de l’histoire, la cliométrie symbolise la projection quantitative des sciences sociales
dans le passé. L’attribution du Prix Nobel d’économie à Robert Fogel et Douglass North, en 1993, pour avoir
renouvelé la recherche en histoire économique par l’application de la théorie économique et des méthodes quantitatives
aux changements économiques et institutionnels a indiscutablement consacré l’avènement de la discipline.
La prochaine tenue, à Strasbourg en juillet 2017, du 8e Congrès mondial de Cliométrie est un autre
exemple significatif d’une recherche tout à la fois dynamique et néanmoins ancrée dans une longue tradition.
Une revue, Cliometrica, fondée à l’Université de Strasbourg et soutenue par la Cliometric Society américaine
affiche, plus que jamais, un défi à la mesure du temps, celui de pérenniser, en continuité des travaux
fondateurs de l’Ecole historique allemande et de l’Ecole des Annales, toutes deux nées à Strasbourg dans les
années 1870-1880 et 1920-1930, les acquis du passé, tout en stimulant les recherches cliométriques à venir.

L’historien face aux temporalités révolutionnaires : l’expérience de la divergence des temps

Mme Isabelle Laboulais

Arts, civilisation et histoire de l’Europe (ARCHE) - EA 3400 - Isabelle Laboulais est professeur d’histoire moderne à l’université de Strasbourg. Ses travaux portent sur l’histoire des savoirs au tournant du xviiie et du xixe siècle, elle s’attache en particulier aux sciences du territoire (minéralogie, géologie, cartographie, statistique descriptive, géographie, etc.). Elle a notamment fait paraître en 2012 La Maison des mines. La genèse révolutionnaire d’un corps d’ingénieurs civils (1794-1814). L’enquête s’attache à restituer tout à la fois l’architecture de ce lieu, ainsi que les pratiques savantes dont il a été le cadre et les conditions qui ont présidé à la mise en place du corps des Mines. Elle coorganise depuis 2013 avec Martial Guédron un séminaire intitulé « Représenter la nature. Arts sciences et techniques de l’âge des Lumières au positivisme ».

« Révolution scientifique », « révolution de l’imprimé », « Révolution américaine », « Révolution française »,
ces expressions communes dans la langue des historiens renvoient toutes à des ruptures que le seul mot « révolution
» suffit à considérer comme soudaines, spectaculaires et irréversibles ; comme si une histoire entièrement
nouvelle allait inaugurer des temps inédits. Outre que le concept de révolution est souple et soumis à
profondes variations, je voudrais montrer de quelle manière il confronte l’historien à la divergence des temps,
lui impose de situer l’événement révolutionnaire dans le temps long comme dans le temps court, par rapport
au temps individuel et au temps collectif.

Quand les temps chronologique, biologique et géologique se télescopent...

M. François Criscuolo

Institut pluridisciplinaire Hubert Curien (IPHC) - UMR 7178 - François Criscuolo a été recruté au CNRS en 2008 ; sa recherche porte sur la diversité des longévités résultant de l’évolution des espèces dans le monde animal. Pour cela il s’attache à l’étude de mécanismes moléculaires du vieillissement en replaçant les résultats dans un contexte évolutif qui démêle les variations de trajectoire de vie individuelle par la notion de compromis. Dans le futur il souhaite s’attacher à la résolution de questions ultimes telles que la transmission entre génération des taux de vieillissement, le lien putatif avec le devenir des espèces, ou la coévolution possible entre taille corporelle ou socialité, et vieillissement.

Le temps qui passe accompagne la détérioration du vivant. La baisse du succès reproducteur et des chances
de survie de l’organisme, nommée sénescence, apparait cependant à des âges variables entre individus d’une
même espèce. Cette variabilité de la durée de la vie adulte reproductive « en bonne santé » est primordiale
en biologie de l’évolution, car elle détermine le temps où l’efficacité de transmission des gènes à la génération
suivante est maximale. Il y a ainsi en chaque être vivant des temps chronologique et biologique qu’il est
nécessaire de distinguer pour mieux comprendre les mécanismes d’évolution. A quelle étape de sa vie un
individu se situe-t-il, est-il vieux pour son âge ? Une démarche identique s’applique à l’échelle des espèces,
qui oscillent entre apparition, expansion et disparition, mais sur un temps plus lent dit géologique. Existe-t-il
un paramètre biologique permettant de déterminer si une espèce est plus ou moins proche de l’extinction ?
Pour toutes ces questions où temps chronologique, géologique et biologique se télescopent, l’étude de l’ADN
pourrait être la clef d’une meilleure compréhension de la gestion du temps par l’évolution.

Temps et self dans la schizophrénie

Mme Anne Giersch

Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale - U1114 - Anne Giersch est psychiatre et directrice de recherche INSERM. Elle dirige l’unité de recherche INSERM U1114 « Neuropsychologie cognitive et physiopathologie de la schizophrénie » aux CHRU de Strasbourg, et conduit un programme de recherche sur les altérations temporelles de la perception chez les personnes souffrant de schizophrénie ou de troubles bipolaires. Elle cherche à caractériser ces troubles et à en comprendre les bases neurobiologiques et les conséquences cognitives et cliniques, ceci afin de définir de nouvelles cibles thérapeutiques pour les patients.

Les psychiatres ont décrit une rupture du sens de la continuité du temps chez les patients souffrant de schizophrénie,
et l’ont mise en relation avec les troubles de l’identité personnelle qui caractérisent cette pathologie.
Pour objectiver ces troubles, il faut comprendre d’où vient le sens de la continuité du temps. L’expérimentation
a montré l’existence de fenêtres temporelles de 30-50 ms à l’intérieur desquelles tous les événements
sont jugés simultanés. Ces fenêtres seraient les briques à partir desquelles se construit le sens de la continuité
du temps. Nous avons suggéré un mécanisme complémentaire en mesurant des biais de réponses implicites
(à l’insu des sujets), et en montrant que les informations sont traitées automatiquement les unes après les
autres à l’intérieur des fenêtres. Selon nos résultats, suivre les événements de façon continue implique des
mécanismes de prédiction de séquences d’informations sur des échelles temporelles inférieures à 50 ms. Ces
mécanismes semblent altérés chez les patients souffrant de schizophrénie. Nous donnerons un exemple dans
le domaine moteur, qui suggère un lien entre les anomalies temporelles et des composantes du sens de soi.

La temporalité dans la musique de Gérard Grisey ; une recherche en cours sur les aspects performatifs

M. Pierre Michel

Approches contemporaines de la création et de la réflexion artistiques (ACCRA) - EA 3402 - A l’issue de ses études musicologiques à Paris (Université de la Sorbonne-Paris IV) Pierre Michel a enseigné au Conservatoire de Strasbourg, avant d’être nommé Maître de conférences respectivement à l’Université de Metz et à l’Université de Strasbourg en 1998 (où il est désormais professeur depuis 2008). Il s’est également produit régulièrement depuis les années 1980 en tant que musicien au sein de diverses formations de jazz. Il organise fréquemment des colloques de musicologie et des workshops avec des musiciens, publie des articles et ouvrages (dont deux monographies concernant György Ligeti et Luigi Dallapiccola), dirige plusieurs collections d’éditeurs français. Pierre Michel est responsable du Labex GREAM (Groupe de recherches expérimentales sur l’acte musical) de l’Université de Strasbourg, ses travaux de chercheur concernent les musiques savantes occidentales depuis 1945.

Le compositeur français Gérard Grisey (1946-1998), représentant majeur du courant « spectral », s’est intéressé
au temps musical de façon régulière au cours de sa carrière. En s’appuyant sur ses écrits théoriques qui
abordent les questions de temporalité de façon approfondie en rapport avec sa musique, par exemple dans
l’article « Tempus ex machina, réflexions d’un compositeur sur le temps musical » (1980, révisé en 1985),
quelques chercheurs du GREAM s’intéressent pour la première fois aux questions d’interprétation et de réalisation
concrète du cycle des Espaces acoustiques (six oeuvres pour orchestre ou ensembles écrites par ce compositeur
entre 1974 et 1985). Ces recherches sont effectuées en collaboration avec l’orchestre des étudiants
de la Haute Ecole des Arts de Zürich et le chef d’orchestre Pierre-André Valade, spécialiste de ces répertoires
et musicien de réputation internationale. L’intervention de Pierre Michel exposera ainsi les objectifs et l’état
actuel de ce travail de recherche en chantier sur les aspects performatifs, sur la réalisation de l’oeuvre dans un
contexte spécifique et particulièrement intéressant au regard de la problématique du temps.

Trajectoires chaotiques et aléatoires

M. Vincent Vigon

Institut de Recherche Mathématique Avancée (IRMA) - UMR 7501 - Enseignant chercheur, spécialisé dans les probabilités, intéressé tant par les aspects théorique et pratique de cette discipline, et travaillant aussi à la visualisation interactive des concepts mathématiques

Certains systèmes dynamiques engendrent des trajectoires chaotiques : leur comportement dépend de la
condition initiale de manière très sensible. C’est le fameux effet papillon. Cependant, en effectuant des statistiques
sur ces trajectoires, on s’aperçoit qu’elles ne sont pas si imprévisibles. Le même phénomène apparait
avec bon nombre de trajectoires aléatoires, par exemple, celles des processus de Markov. En moyennant sur
le temps, ou bien sur le hasard, on tombe sur des statistiques calculables.

« Le temps s'est contracté » - messianisme et apocalypse

M. Jacob Rogozinski

Centre de recherches en philosophie allemande et contemporaine : histoire, problématiques, enjeux (CREΦAC) - EA 2326 - Après avoir été directeur de programme au Collège international de philosophie et MCF à Paris-8, je suis professeur à l’Université de Strasbourg depuis 2002. J’ai publié notamment Le moi et la chair – introduction à l’ego-analyse (Editions du Cerf, 2006), Cryptes de Derrida (Editions Lignes, 2014) et Ils m’ont haï sans raison – de la chasse aux sorcières à la Terreur (Editions du Cerf, 2015).

Il s’agit d’analyser la conception singulière de la temporalité qui se manifeste dans les pensées et les mouvements
politico-religieux se réclamant du messianisme millénariste et/ou de l’apocalypse. S’ils proclament
tous l’imminence de la « fin des temps » et la « contraction » temporelle qu’elle implique (cf. les « Epîtres »
de Saint Paul), ils divergent cependant sur la détermination du moment de la césure et sur les conséquences
pratiques qu’elle implique.

L’environnement face à ses temporalités : crise, transition et durabilité

M. Philippe Hamman

Sociétés, acteurs, gouvernement en Europe (SAGE) - UMR 7363 - Philippe Hamman est Professeur de sociologie à l’Institut d’urbanisme et d’aménagement régional de la Faculté des sciences sociales, directeur-adjoint du laboratoire Sociétés, acteurs, gouvernement en Europe (SAGE), UMR 7363 CNRS/Université de Strasbourg, et coresponsable du Master mention Urbanisme et aménagement. Ses recherches portent sur les liens entre ville et environnement (à l’exemple des transports, des énergies renouvelables et du logement) et les enjeux de durabilité dans les politiques locales et européennes. Il dirige, avec Isabelle Hajek, le programme interdisciplinaire 2013-2016 de la Maison interuniversitaire des sciences de l’homme – Alsace « La nature à la lettre. Écritures et production des savoirs sur la nature », et anime, au titre de l’Unistra, l’axe Gouvernance du Cluster de recherche en durabilité du Rhin supérieur (Interreg V, 2016-2018).

La « maîtrise » de l’environnement pose aujourd’hui question, avec des changements globaux (climat, canicule…),
une « anthropocène » façonnée par l’action humaine et, en regard, une anthropisation/artificialisation
de la nature (modèle contrôlé du « jardin », nature en ville…). Les temporalités sont ici essentielles, tant
pour l’analyse sociologique que pour l’action publique et les prises de conscience individuelles. Des temps
différents s’entrechoquent en fonction des acteurs, de leurs intérêts et valeurs : comment vivre au temps
de la « crise » environnementale, qui coïncide avec des tensions économiques et sociales (crise mondiale
de 2008…) ? Les politiques publiques prônent la « transition » (écologique et énergétique), en appelant à un
citoyen actif pour les « générations futures » mais cadré par des « bonnes pratiques ». Et le tout renvoie au
répertoire de la « durabilité », que certains voient comme une rupture avec la seule croissance économique,
d’autres comme une légitimation de continuité (par exemple, pour les élus, en fonction des durées des mandats),
et d’autres encore opposent une « décroissance » qu’imposerait la finitude des ressources naturelles.

Shifting eating from circadian active phase to the rest phase misaligns the peripheral clocks with the master central clock, which leads to a curable metabolic syndrome"

M. Nisha Misra

Institut de génétique et de biologie moléculaire et cellulaire (IGBMC) - UM 41/UMR 7104/UMR_S 964 - I am from Meerut, India. I did my M.Phil in 2007 and PhD in 2012 with Dr Anju Shrivastava, University of Delhi, Delhi, India. During this period I studied about the anti-inflammatory and anti- arthritic activity of the plant Crinum asiaticum using mouse as the model system. After my PhD I joined the lab of Prof. Pierre Chambon at IGBMC, strasbourg, France in 2013 for doing my postdoctoral training where I am actively involved with the group understanding the relation between the daily circadian rhythms and metabolism using mouse as the model system. My work signifies how the functional circadian clock is necessary to maintain a normal metabolic condition. Further, if the master clock is misaligned from the peripheral clock and daily activities how it leads to a development of metabolic syndrome, as commonly observed in people working under night shift. Further, this misallignment is curable and can be treated by the use of high intensity light which leads to the realignment of the master clock with the peripheral clock.

Circadian Clocks allow individual organisms to co-ordinate their biochemical, physiological and behavioral
functions with a periodicity of ~24 h. Previous studies have shown that restricted fed (RF) mice which have
access to food only during the rest phase but not during the activity phase (both of which being under the
control of the suprachiasmatic nucleus (SCN) central clock) generate a metabolic syndrome due to a twelve
hour shift of both peripheral CCs and expression of CC output genes, such that genes which were expressed in
the active phase are now expressed during the rest phase, and vice versa. As RF does not shift the SCN central
CC nor the activity and rest phases there is a twelve hour misalignment between the central and peripheral
clocks, and also between the expression of peripheral CC output genes and the phases of rest and activity,
thus leading into the development of a metabolic syndrome. The aim of the present study was to investigate
whether a 12 hour exposure of the mouse to a high intensity light could shift the SCN CC and the locomotor
activity by 12 hours, and whether such a light exposure could be used to correct the RF pathology by realigning
the SCN and periphral clocks. Our results show that a high intensity light exposure could indeed shift
by 12 hours the SCN CC, as well as the activity and rest phases. Furthermore, when RF mice were exposed to
a high intensity light during their active period (the subjective night), their SCN CC was shifted by 12, which
resulted in its realignment with the peripheral CCs and consequently with both the expression of peripheral
CC output genes and the time of feeding, thereby resulting in the normalization of the RF pathology conditions.

Les caméras rapides rendent le temps visible

M. Wilfried Uhring

ICube - Laboratoire des sciences de l'ingénieur, de l'informatique et de l'imagerie - UMR 7357 - Wilfried Uhring est né en France en 1975. Diplômé de l’école Télécom Physique Strasbourg en 1999, il soutient une thèse en optoélectronique ultrarapide en 2002. Son activité de recherche traite des imageurs rapides tels que les caméras intensifiées et à balayage utilisant des tubes à vide atteignant des résolutions temporelle sub-nanoseconde à picoseconde. Une particularité de ses recherches et de parvenir à intégrer ces fonctionnalités dans des capteurs microélectroniques CMOS ultrarapides. Les applications principales de ses recherches sont portées sur l’imagerie biomédicale. Professeur à l’université de Strasbourg, il a rejoint le laboratoire ICube, à sa création en 2013 où il dirige la thématique des systèmes et microsystèmes multi-physiques.

Les phénomènes physiques se déroulent durant des laps de temps très différents selon leur nature qui peut
être mécanique, chimique ou encore optique. Pour les observer, les scientifiques utilisent des caméras dont
la vitesse d’acquisition varie selon l’échelle temporelle des phénomènes à observer. Le laboratoire ICube développe
des systèmes imageurs qui couvrent la plage temporelle de la seconde à la picoseconde. Les caméras
les plus rapides du laboratoire sont capables de réaliser des ralentis extrêmes jusqu’à figer la propagation de la
lumière elle-même. Les spécificités des imageurs rapides seront exposées avec notamment les imageurs par
rafale et l’approche à balayage de fente. Des exemples de mesures viendront illustrer les phénomènes observables
à des échelles de temps milliseconde, microseconde et picoseconde.

L’acte catalytique par l’imagerie résolue en temps

M. Cuong Phan-Huu

Institut de chimie et procédés pour l'énergie, l'environnement et la santé (ICPEES) - UMR 7515. - Cuong Pham-Huu a obtenu sa thèse au Laboratoire de Catalyse et Chimie des Surfaces sous la direction de Marc J. Ledoux en 1991. Il est actuellement Directeur de recherche au CNRS dans l’Institut de Chimie et Procédés pour l’Energie, l’Environnement et la Santé (UMR7515). Ses domaines d’expertise sont focalisés sur trois axes principaux: (1) Synthèse des matériaux carbonés (nanotubes, nanofibres et graphène) et céramiques (carbure de silicium, pur et dopé) hiérarchisés de différentes dimensions (1-, 2- et 3-D), (2) Caractérisations et compréhension de leurs propriétés physico-chimiques et enfin, (3) Leurs applications dans divers domaines allant de la catalyse aux composites pour le renforcement ou la dépollution, en passant par le stockage électrochimique de l’énergie. L’originalité de la recherche menée, réside aussi dans le fait que les matériaux synthétisés ne sont pas cloisonnés dans le domaine de la catalyse. En effet, les composites développés pourraient également être utilisés dans d’autres domaines d’applications tels que ceux des composites thermiques, des systèmes pour le stockage d’énergie ou des solides multi-poreux pour l’adsorption des polluants présents dans les milieux liquides ou gazeux. Il est co-auteur de plus de 200 articles dans les journaux avec comité de lecture et aussi co-inventeur de 45 brevets avec extension international donc une dizaine sont licenciés par des partenaires industriels. Il est responsable de plus d’une cinquantaine de projets collaboratifs et industriels depuis 2000 dans les domaines d’application allant de la catalyse aux matériaux de renforcement en passant par celui du stockage électrochimique de l’énergie.

Les deux dernières décennies ont été marquées par l’émergence des nouveaux nano-matériaux carbonés qui
ont fortement contribué au développement de nouvelles applications tant dans le domaine de l’électronique
que dans celui de la santé et de la catalyse. Dans cette présentation la combinaison du temps et de l’imagerie
dans des phénomènes catalytiques, ayant lieu lors de la nano-structuration des composés à base de graphène
par des nanoparticules catalytiques, sera présentée et discutée. Les analyses in-situ du processus catalytique,
à des échelles de temps extrêmement courtes, ont permis de mettre en évidence des phénomènes physico-
chimiques activés conjointement par la température et par le milieu réactionnel et d’accéder à la nature
dynamique du processus à l’échelle atomique. La compréhension des mécanismes mis en jeu a permis de
mieux comprendre les propriétés des structures carbonées après la nano-structuration. Les résultats inédits
ont été obtenus grâce à la mise en commun des compétences spécifiques des diverses domaines, sciences de
matériaux, microscopie électronique et catalyse.

INTERDISCIPLINARITÉ

Les actions interdisciplinaires au CNRS

Mme Anne Renault

Directrice de recherche, Anne Renault est titulaire d’un doctorat en physique de la matière condensée. Recrutée au CNRS en 1988, elle intègre le laboratoire de spectrométrie physique de Grenoble comme chargée de recherche. En 2000, elle prend la responsabilité de l’équipe « Biophysique » du Groupe de la matière condensée de Rennes puis elle prend la direction de l’Institut de physique de Rennes - Université Rennes 1 / CNRS). Anne Renault est directrice du conseil scientifique du BRGM et membre du conseil d’administration de l’ANDRA. En 2012, elle est nommée directrice de la mission pour l’interdisciplinarité du CNRS.

Table ronde interdisciplinarité

Catherine Florentz

Vice-présidente recherche et formation doctorale

Mme Anne Renault

Directrice de recherche, Anne Renault est titulaire d’un doctorat en physique de la matière condensée. Recrutée au CNRS en 1988, elle intègre le laboratoire de spectrométrie physique de Grenoble comme chargée de recherche. En 2000, elle prend la responsabilité de l’équipe « Biophysique » du Groupe de la matière condensée de Rennes puis elle prend la direction de l’Institut de physique de Rennes - Université Rennes 1 / CNRS). Anne Renault est directrice du conseil scientifique du BRGM et membre du conseil d’administration de l’ANDRA. En 2012, elle est nommée directrice de la mission pour l’interdisciplinarité du CNRS.

Conclusion

Catherine Florentz

Vice-présidente recherche et formation doctorale