Espoirs et désespoirs des Sisyphes modernes
Variations sur les relations entre le Temps et les Sciences et les méthodes diverses imaginées par certaines
d’entre elles – dont le Droit – pour le « discipliner ».
Les 9 et 10 juin, l’Université de Strasbourg organise un colloque interdisciplinaire dédié au temps. Un événement scientifique et public destiné à favoriser l’émergence de projets de recherches aux confins des disciplines.
Il n’y a pas une discipline scientifique qui n’inclue la notion de temps. Chacune d’elle l’aborde à sa manière avec au final une diversité d’approches qui donne à ce concept un statut bien particulier et définitivement pluridisciplinaire. Que ce soit à l’échelle des mécanismes biologiques, à celle de l’évolution du climat ou encore à celle de la physique atomique, les temps sont bien caractéristiques. La notion de rythme et dynamique en est un autre volet que l’on peut retrouver dans les domaines de la médecine de l’économie ou encore de l’histoire. Durant deux jours, le temps sera décortiqué aux travers d’interventions et des débats bien évidemment rythmés.
L’organisation de ce colloque bénéficie du soutien du programme Investissements d’avenir de l’Université de Strasbourg.
Les formalismes de la physique sont essentiellement constitués d’équations, qui condensent des relations
fondamentales et traduisent des propriétés essentielles. Elles révèlent des choses plus profondes sans doute
que ce que nos discours humains, aussi subtils soient-ils, sont capables d’exprimer. Mais, bien sûr, les équations
ne parlent pas d’elles-mêmes, en tout cas pas au sens usuel du terme. Alors que pourrions-nous dire de
ce qu’elles diraient du temps si elles pouvaient parler ? Par exemple, l’associeraient-elles systématiquement à
l’idée d’évolution ?
Des mots hébraïques d’une même famille, tous dérivés de la racine sémitique /qdm/ « précéder », renferment
à la fois une connotation spatiale (« l’Est ») et temporelle (« les premiers temps ») si bien que la limite entre espace
et temps reste floue. Dans le cadre de la perception antique du monde, cette particularité s’explique par
le fait que ce qui se trouve le matin DEVANT les yeux, c’est-à-dire le soleil levant, se passe AVANT tout ce qui
arrivera jusqu’au soleil couchant. Dans la Bible hébraïque, à partir du vie siècle avant notre ère, l’utilisation
de la racine /qdm/ atteste une transition significative du spatial au temporel. Cette métamorphose coïncide
avec la destruction du Temple, la déportation et la fuite d’une partie de la population de Juda et, ainsi, avec
la perte de l’orientation identitaire traditionnelle. C’est à ce moment que la plupart des livres bibliques ont
été mis par écrit. Ce qui se trouve DEVANT les yeux dans ces écrits, c’est le passé : ce qui s’est passé AVANT le
présent exilique et postexilique. Paradoxe intentionnel : ce sont désormais les ancêtres – Abraham, Jacob –
qui précèdent et servent de guide pour un ‘avenir à venir’.
L’alternance du jour et de la nuit est un facteur environnemental majeur qui a influencé en profondeur l’évolution
de la vie sur la Terre. Ainsi le monde vivant bactérien, animal et végétal a développé, avec des stratégies
variées mais néanmoins très conservées, des systèmes de mesure du temps : les horloges circadiennes. Ces
horloges permettent d’organiser et de répartir les fonctions physiologiques (métabolisme, division cellulaire)
et le comportement (sommeil, prise alimentaire) sur le cycle jour/nuit et ainsi d’optimiser la survie. Les horloges
circadiennes sont des machineries moléculaires fonctionnant à l’intérieur de la cellule, unité de base
du vivant, et basées sur une boucle de rétrocontrôle négatif. De fait, leur fonctionnement est cyclique et leur
période, qui est génétiquement déterminée, est d’environ 24 h. Les molécules constituant ces horloges ont
la propriété de contrôler l’expression génique et ainsi de conférer leur rythmicité au fonctionnement de l’ensemble
de la cellule. Dans le domaine clinique, ces mêmes molécules sont des indicateurs précis et précieux
de « l’heure qu’il est » dans notre corps et de la qualité de notre synchronisation avec l’environnement.
Partant d’exemples précis tiré d’un corpus composé d’un des recueils de contes de Joseph Jacobs, je dégage
d’abord les caractéristiques de ces deux temps pour montrer comment ils s’articulent, compte-tenu du fait
que le conte est un genre court soumis à des contraintes structurelles relativement précises. Je confronte
ensuite temps de la narration et temps de l’histoire, pour déterminer comment ce dernier est représenté, ou
encore expliquer les liens entre temporalité du narrateur, temporalité du lecteur et temporalité des personnages.
Le temps de la lecture constitue un moment à part, moment de plaisir et d’évasion, et devient encore
plus particulier si le conte est lu à l’oral. La temporalité du narrateur peut donc être confrontée à la temporalité
du conteur, et la temporalité du lecteur à celle de l’auditeur.
Depuis 2009, plus de la moitié des transactions touristiques en France est réalisée sur Internet. Mais le basculement
vers une économie de plus en plus numérique n’est pas le seul élément de changement : la place des
réseaux sociaux numériques avant, pendant et après le voyage, la mobilité accrue des TIC (informations pull
ou push partout et tout le temps) ou les nouvelles possibilités offertes par la technique (réalité augmentée,
puce RFID, web 3.0,…) contribuent également à bouleverser les formes de communication du tourisme. Cette
évolution rapide incite aussi à avoir un regard critique sur les conséquences pour les individus, qu’ils soient
hôtes ou touristes, et leur territoire, ainsi sur ce qui pourrait être une nouvelle déréalisation du monde.
Nous nous proposons de décrire les méthodes utilisées pour la création d’un conjugueur de l’alsacien, et leurs
résultats. Les dialectes alsaciens disposent de peu d’outils informatiques, et l’identification des formes conjuguées
des verbes est un enjeu pour l’annotation morpho-syntaxique automatique. Les lexiques existants recensent
les verbes sous leur forme canonique infinitive. Il s’agit alors de générer non pas tous les temps et
modes verbaux, mais les formes employées, parfois en combinaison, pour construire les structures verbales.
Même si la conjugaison des dialectes alsaciens est relativement simple par rapport à l’allemand, il n’en reste
pas moins que les verbes prennent des formes différentes en fonction du temps, mais aussi du mode ou de la
personne. Le lexique exploité pour la reconnaissance des verbes comprend plus de 4 000 formes infinitives :
le gain de temps représenté par l’utilisation d’un conjugueur est réel. L’enjeu réside dans l’identification des
types de verbes : réguliers ou non, à particules, etc. Une fois les propriétés morphologiques identifiées, il est
possible de générer des graphes de flexion grâce au logiciel Unitex, pour conjuguer les verbes.
La vie sur terre a évolué dans un cycle perpétuel de jour-nuit. Pour anticiper ces changements prévisibles, les
organismes vivants ont développés un sens inné du temps journaliers, l’« horloge biologique ». Chez les mammifères
(nous y compris) cette horloge est renfermée dans le cerveau, donc cachée de la lumière. Comment
fait-on donc pour synchroniser notre sens interne du temps avec le temps solaire ? En fait les yeux servent
comme une entrée de l’information lumineuse, totalement indépendante de la vision dite « formelle ».
D’abord très controversée, l’idée est dorénavant acceptée qu’une toute petite sous-population de cellules nerveuses
collecte les informations lumineuses et les transmettent directement à l’horloge centrale située dans
le cerveau. En effet, ces cellules signalent le début du jour de par la composition spectrale de la lumière. Ces
cellules n’ont rien en commun avec les photorécepteurs « classiques » appelés bâtonnets et cônes, et elles manifestent
des propriétés compatibles avec une fonction de « luxmètre », à savoir de ne réagir que lentement
aux changements d’intensité pour ne pas être confondu par les éclairs. Mais des doutes sont permis à cette
idée…
Nombreuses sont les disciplines des Sciences de la Terre qui s’inscrivent dans une perspective historique et
évolutive. D’une part, le passé de la Terre est une bibliothèque immense où puiser des analogues des phénomènes
actuels dont nous avons souvent qu’une compréhension partielle. D’autre part, l’état actuel de la
Terre résulte d’une évolution permanente depuis 4.5 milliards d’années. Une clé importante de la géologie est
donc la maîtrise du temps écoulé, maîtrise que l’on obtient par le développement de méthodes de datations
adaptées aux objets et aux durées. Par des exemples concrets, il est proposé d’aborder ce sujet pour la période
récente du Quaternaire sur des objets dont l’âge recouvre plusieurs millions d’années aux conséquences importantes
sur le mouvement des plaques tectoniques mais qui s’expriment par des secousses, parfois dévastatrices,
de quelques secondes : les failles de l’écorce terrestre.
L’évolution des lasers et leur capacité à produire des impulsions lumineuses de plus en plus courtes ont ouvert
un domaine de recherche particulièrement fertile : celui de l’étude des phénomènes qui se déroulent sur des
échelles de temps extrêmement petites. Les impulsions femtoseconde (10-15 secondes, soit le millionième de
milliardième de seconde) et maintenant attosecondes (10-18 secondes) permettent ainsi d’aller explorer et de
sonder la matière en y observant les dynamiques des électrons, des molécules, des nano-objects… dans des
disciplines aussi variées que la physique de la matière condensée, la chimie moléculaire, la biophysique, etc.
Nous donnerons un aperçu des ordres de grandeurs de durées des phénomènes étudiés. Nous ferons une
description rapide des outils lasers permettant d’obtenir ces impulsions ultra-brèves. Nous montrerons comment
on les utilise pour l’étude de processus se déroulant sur des temps extrêmement brefs. Nous donnerons
plusieurs exemples de résultats obtenus dans les domaines décrits plus haut.
Espoirs et désespoirs des Sisyphes modernes
Variations sur les relations entre le Temps et les Sciences et les méthodes diverses imaginées par certaines
d’entre elles – dont le Droit – pour le « discipliner ».
Dans cette présentation nous proposons d’examiner deux façons de découper le temps. La première consiste
à découper le temps en plusieurs portions successives de tailles variées à l’image des grandes périodes historiques.
La seconde consiste à découper le temps en portions emboitées les unes dans les autres, en faisant
varier les échelles de temps. Dans chacune des disciplines visitées et à leurs interfaces, nous examinons
quelques exemples et nous proposons d’interroger le poids respectif de l’héritage disciplinaire, des méthodes
et des objets d’étude dans le choix de ce découpage temporel.
Le niveau de vigilance, la synthèse d’hormones, la prise alimentaire sont quelques exemples des très nombreuses
fonctions physiologiques qui présentent des variations à l’échelle d’une période de 24 h. Ces dernières
sont régies par des horloges biologiques circadiennes dont on connait relativement bien le fonctionnement.
La capacité à se reproduire, l’hibernation, la migration sont des exemples de variations biologiques d’une
période d’un an. Le temps biologique annuel est plus difficile (plus long !) à étudier. Comment les organismes
arrivent à se situer dans les saisons est la principale question de cet exposé.
Certains possèdent une horloge biologique autoentretenue d’une période proche de 12 mois. Son existence
est démontrée mais les mécanismes qui la sous-tendent sont un mystère.
D’autres n’ont pas cette horloge circannuelle endogène.
Mais tous font appel à la variation saisonnière de la durée quotidienne d’éclairement, et, probablement, à une
horloge biologique journalière pour mesurer le temps saisonnier…
Chez les Mˉāori de Nouvelle-Zélande, les relations entre le monde divin et les êtres humains sont rythmées par
le souffle (hau), qui se fait souffle de vie, énergie vitale et lien. Ce fameux esprit du don qu’évoquait Mauss en
1925 dans l’Essai sur le don ne se référerait-il pas en définitive à la circulation du souffle (hau) dans les interactions
entre les êtres humains et le monde qui les entoure ? En partant de cette hypothèse, il s’agira d’appréhender
ces instances où le souffle, se fait rythme et participe voire détermine la dynamique des échanges.
Parmi celles-ci, la narration dansée (haka), la récitation des généalogies (whakapapa) et le tissage (whātu)
sont autant de moments où les rythmes contribuent à l’organisation de ce monde. En donnant de son souffle,
une part de soi à travers ses gestes, et parfois sa voix, son intonation et son émotion, le danseur, l’orateur et la
tisseuse au sein du collectif contribuent à générer un rythme, une dynamique qui se détache de la vie de tous
les jours afin d’engager des relations. En d’autres termes, les rythmes contribuent à faire de certains instants
des moments d’exception, de tension aussi où peuvent interagir vivants et ancêtres.
Biomolecular function emerges from a series of conformational transitions coupled to chemical events. The
conformational dynamics of proteins is complex and involves timescales that span several orders of magnitude,
which is due to the simultaneous presence of soft and hard degrees of freedom. Harmonic analyses
demonstrate that the functional transitions can be described by a handful of low-frequency modes, which
are robust to local structural changes such as mutations. This suggests that protein function is encoded in the
slow vibrational modes, which have been selected by evolution.
Notre expérience quotidienne met en évidence un sens d’écoulement du temps : un film passé à l’envers n’a
aucun sens. La physique classique rend compte de cette flèche du temps à travers une description statistique
des phénomènes macroscopiques, alors que les équations microscopiques ne distinguent, elles, pas le sens du
temps.
Il en va autrement dans le monde des constituants ultimes de la matière. Nous présenterons des observations
expérimentales qui prouvent que les particules élémentaires sont sensibles à la direction temporelle. Ces
phénomènes sont décrits par une théorie quantique et relativiste utilisant une construction ad hoc, sans la
justifier par des principes fondamentaux.
Par ailleurs, nous expliquerons pourquoi cette flèche du temps est intimement liée à la domination de la
matière sur l’anti-matière dans notre univers. Même si aujourd’hui, nous ne comprenons pas dans quelle
proportion exacte.
Nous discuterons enfin des expériences actuelles et futures auxquelles participent les équipes strasbourgeoises,
qui tentent de dépasser ces limitations de nos connaissances liées au temps grâce à l’observation
minutieuse de processus quantiques de plus en plus rares.
Proposée par les Sciences historiques, cette communication examine des exigences contradictoires formulées
tôt et jamais résolues hier comme aujourd’hui (juger vite est-il bien juger ?) Les cas exemplaires seront
pris dans nos recherches et publications à Strasbourg. Les deux extrêmes de la communication seront, d’une
part les lois du val de Lièpvre au xvie siècle où l’un des soucis est de temporiser et donner aux délinquants le
temps de réparer les torts pour se présenter réconciliés devant la justice (mais la justice savait aussi accélérer
les choses aux frais du plaignant ou en cas de trouble majeur à l’ordre public) et d’autre part les injonctions
nouvelles de la chancellerie au xviiie siècle pour dresser des bilans semestriels de l’activité judiciaire criminelle
et conclure au plus vite les procès, que nous évoquerons à partir des archives de l’intendance d’Alsace.
Vous voulez étudier l’impact du temps sur les fonctions physiologiques, le Chronobiotron peut vous y aider !
Située sur le campus de l’Esplanade, cette plate-forme (CNRS/Unistra) d’hébergement et d’explorations fonctionnelles
rongeurs est spécifiquement équipée pour l’étude des rythmes biologiques, mécanismes mis en
place par les organismes pour anticiper et donc s’adapter aux variations cycliques de leur environnement. Au
Chronobiotron, il est possible de manipuler le temps qui passe en faisant varier les principaux paramètres
physiques de l’environnement : l’alternance jour/nuit (heure allumage/extinction), la photopériode (durée
de la phase lumineuse sur 24 h) mais également la température afin de reproduire à la demande les changements
journaliers et saisonniers auxquels sont soumis quotidiennement les êtres vivants. Le chronobiotron
propose également un large choix de modèles animaux (rongeurs nocturnes : rats et souris OGM ou non/
hamsters, ou diurnes : arvicanthis) ainsi qu’une grande diversité d’approches méthodologiques (télémétrie)
pour mesurer en temps réel, sur rongeurs libres de ses mouvements, les effets du temps qui passe (journalier
ou saisonnier) sur l’organisme.
L’étude moléculaire de sols archéologiques permet de reconstituer les environnements anciens (couverture
végétale) ou l’usage de ces sols (pratiques agricoles, notamment). Cette approche repose sur l’analyse de molécules
organiques qui permettent de déterminer la nature des apports d’origine végétale à la matière organique
des sols. Les travaux présentés portent sur l’étude de la matière organique de sols ayant comblé des
structures de stockage de grains (silos) mises au jour à Obernai et datant de l’âge du Fer et de l’âge du Bronze.
La mise en évidence de miliacine – un marqueur spécifique de millet – dans ces silos suggère que cette céréale
était cultivée sur le site d’Obernai. Les travaux réalisés ont montré que la miliacine provenait de restes
de cette plante qui était cultivée sur les sols qui ont comblé les silos lorsqu’ils ont été vidés et abandonnés. La
datation au 14C de miliacine isolée à partir d’échantillons provenant de ces silos a permis de situer la période
de culture de cette céréale à la fin de l’Age du Bronze.
Nombre de poèmes du haut Moyen Âge chinois mettent en scène une femme esseulée, souvent enfermée
en attendant le retour de son mari, ou bien un homme endeuillé après le décès de son épouse. Le sentiment
de claustration de ces personnages s’appuie surtout sur la construction du motif suivant : bien que le temps
passe, comme en attestent l’alternance des saisons, les migrations des animaux ainsi que son propre vieillissement,
la situation du sujet n’évolue pas ou peu. Il est comme séquestré dans un malheureux et éternel
présent. A partir de deux exemples tirés de ce corpus, mis en regard avec deux échantillons plus anciens, nous
montrerons : • comment le rapport au temps qui passe, pour paraître authentique, n’en est pas moins une élaboration
littéraire qui s’est structurée au fil des siècles ; • quelles sont les échelles de mesure du temps établies
comme topoï ; • comment le sentiment de persistance est renforcé par la référence à des éléments objectifs
attestant que le temps passe (des cycles notamment) ; • comment la conception du temps qu’on y entrevoit
s’appuie, comme c’est souvent le cas en Chine, sur un binôme dynamique et en tension – en l’occurrence
constance/transformation.
From the 1940s, new technologies, like carbon dating, ice- and sea-core drilling, and pollen analysis not only
vastly expanded time horizons in geophysical and climatological research, but also pinpointed past events
on a newly historical timescale. Using natural proxy indicators, these studies brought to light a series of globally
disruptive events in geological time, for example, volcanic eruptions of previously unknown scale and
types that had an impact on the Earth’s climate. The past became discrete. Knowing more about the past also
meant knowing more about possible futures, given that some catastrophic events have occurred repeatedly
or have become increasingly predictable with the help of computer modeling. This meant that scientists’
claims about the future of the earth increasingly came to interfere with political planning. My paper argues
that the “new” past has come to weigh in two ways on the present and the future. First, it dwarfed the human
time scale, thus increasing the challenge of dealing with heterogeneous time scales. Second, prehistoric past
events came to take on political significance. The deep past became part of political history, and thus of
politics.