Décrié lors de sa sortie en Librairie, l’ouvrage Soumission de Michel Houellbeck a reçu un accueil tout autre à travers les autres pays Européens ou auprès de défenseurs de la laïcité confrontés, déjà, à ce phénomène grandissant, dont en Turquie. En posant la question de la constitution d’un parti politique religieux accédant au pouvoir en France, l’écrivain renvoie de fait bien plus au risque d’une extension de ce phénomène à l’Europe et de la responsabilité, tout comme, sur les rives du Bosphore, des élites dans ce processus. Se pose ici dès lors la difficile adéquation entre nécessité de préserver les libertés religieuses en Europe et l’encadrement de toute influence de celles-ci sur le champ politique. Les mouvements communautaristes sont en phase de devenir normalité dans l’ensemble des pays européens. Marginaux pour l’instant, ces mouvements sont à terme susceptibles de peser sur le jeu politique, non pas à travers un projet sociétal mais en défendant les intérêts de telle ou telle communauté ethno-religieuse. « En face », en réaction et en interaction, l’ensemble des pays européens est dans une spirale où le populisme, le racisme et la xénophobie se normalisent également. Les succès récents de Front National en France et de Alternative für Deutschland n’en sont que les derniers exemples.
Le thème de cette 12ème édition est celui de l’Europe des choix. Concrètement, quels défis, enjeux sociétaux d’ici 10, 15, 20 ans ? Comment y répondre à l’échelle européenne ? Comment devenir moteur d’une évolution positive à l’échelle internationale ? Quelles politiques publiques proposer pour répondre à ces défis, que ce soit dans le domaine climatique, de l’emploi, de la formation et de l’enseignement, des transports, de l’éducation, de l’accueil des réfugiés et migrants, ou dans nos relations avec des pays tiers, ou encore du fonctionnement de nos démocraties ?
En écho avec les thématiques posées dans le cadre des 5 scenarii de la Commission européenne pour l’avenir de l’Union mais également au regard des préoccupations portées dans d’autres secteurs d’activité comme la culture ou l’égalité des genres, les Rendez-vous auront enfin pour objectif d’être force de proposition(s), susceptibles d’être relayées auprès des instances européennes et nationales ainsi qu’auprès des médias et des citoyens.
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Alors que la culture et les industries créatives constituent un ciment important de la coopération européenne, les scénarii de la Commission européenne pour 2025 semblent ne pas en tenir compte. Or, à l’heure de la transversalité, l’Europe ne pourra ignorer encore longtemps les transformations de ce secteur, bouleversé par la transition numérique et dont l’échelle géographique ne cesse de s’étendre. Au cœur de cette crise de légitimité, pour l’Europe comme pour ses acteurs cultuels, comment les politiques culturelles peuvent-elles accompagner aux mieux ces transformations et les aider à apporter des réponses aux défis techniques, sociaux et économiques qui les traversent ?
Où en sommes-nous de la transition numérique? Si la question technologique semble, sinon réglée, du moins maîtrisée, les usages sont toujours à inventer. Comment les secteurs de la culture et des industries créatives peuvent se projeter dans des pratiques post-digitales? Il ne s’agit pas d’imaginer une vie après le digital, mais de prendre en compte les conséquences et de saisir les opportunités que l’ère du digital et de la machine nous offre. À l’heure où se mêlent le digital et le culturel, l’espace virtuel et l’espace réel, l’héritage et la mondialisation, l’histoire personnelle et le récit commun, quels nouveaux médias culturels européens imaginer ?
Une Europe de 800 millions d’Européens vivant dans 47 pays est marquée par une prédominance de la culture américaine et de l’utilisation de l’anglais en Europe, comme langue enseignée, et langue de communication scientifique notamment. Or il existe plus de 225 langues européennes, une soixantaine de langues régionales ou minoritaires et de nombreuses langues d’autres continents.
La diversité culturelle du continent européen se traduit par la pratique de langues vivantes multiples qui participe à la construction de la citoyenneté, de l’ouverture sur le monde mais joue également un rôle déterminant sur la mobilité et l’employabilité des jeunes.
Le soutien de la diversité culturelle est l’un des piliers et fondements du Conseil de l’Europe, repris dans différents programmes de la Commission et fortement soutenus dans de nombreux pays comme la France et l’Allemagne. Si les constats et objectifs sont posés depuis plusieurs décennies, les enjeux sociétaux et économiques nécessitent de questionner et évaluer les moyens développés pour soutenir une politique culturelle et linguistique forte dans un monde numérique et économique globalisé.
Les grandes tendances et transitions à l’œuvre en Europe tendent vers un nouveau modèle de production, diffusion et de consommation culturelle, un nouvel aménagement du territoire et un nouvel équilibre entre genres et générations : une force de travail jeune, une majorité de petites entreprises, une augmentation du travail indépendant, des marchés dynamiques mais une réduction des subventions et une fragilisation des opportunités d’emploi. Les cultures numériques transforment les logiques d’action et impliquent de nouvelles formes de coopération qui doivent prendre en compte les nouveaux usages et formes d’expression, de partage, de collaboration et de sociabilité. Diversification des secteurs et activités culturelles, dématérialisation des supports de diffusion, bouleversement des modes de consommation et recherche de nouveaux modèles économiques avec l’arrivée de nouveaux entrants sont les enjeux des métiers culturels de demain. La plupart des métiers de demain n’existent pas encore et il faut cependant s’y préparer. Le monde du travail est métamorphosé par le numérique et la plupart des métiers sont impactés et bousculés. Quel avenir pour les emplois peu qualifiés face au développement de l’intelligence artificielle ? Comment se former pour s’adapter à ces métamorphoses? Dominés par les géants du numérique, les européens sont-ils en mesure de tirer leur épingle du jeu?
Comment les crises migratoires, les conflits périphériques à l’Union, le terrorisme et la résurgence des nationalismes remettent-elles en cause le principe d’une Europe sans frontières ? La suspension partielle de l’accord de Schengen à certaines frontières de l’Union peut-elle encore être qualifiée d’exceptionnelle ou va-t-on vers un démantèlement progressif de celui-ci ?
Face au « resserrement » des frontières au sein de l’Espace Schengen, quelles propositions pour sauver l’Acquis communautaire en matière de libre circulation des personnes ? Simple investissement dans une politique de surveillance des frontières extérieures de l’Union, rehaussement des politiques de coopération sécurité et de coopération douanière ou redéfinition profonde des politiques publiques en la matière ?
Entrer sur le sol européen ou y naître de parents ou de grands-parents immigrés ne suffit à constituer une identité européenne. Mais s’il est demandé aux populations d’origine étrangère de « s’adapter » au « modèle » européen, de nombreuses entraves à l’intégration subsistent, que celles-ci soient endogènes ou exogènes. Politiques de zonage géographique en France, favorisant la getthoïsation des banlieues, absence dans certains Etats membres – à la différence de l’Allemagne ou de l’Espagne – d’obligation à apprendre la langue nationale pour résider et travailler durablement sur le sol national ; faible recours, à la différence de pays comme la Tunisie, au poids du tissu social « communautaire », composé de la diaspora, d’associations civiles et de femmes pour endiguer une progression croissante du radicalisme religieux. De Paris, Strasbourg, à Berlin ou Madrid, quelles réalités et effectivités des politiques d’intégration en Europe et quel modèle, s’il devait s’en dégager un, promouvoir pour donner toute leur place au populations jugées d’origine étrangère sur le sol européen et éviter que ne s’y accroissent les ruptures linguistiques et culturelles ?
Décrié lors de sa sortie en Librairie, l’ouvrage Soumission de Michel Houellbeck a reçu un accueil tout autre à travers les autres pays Européens ou auprès de défenseurs de la laïcité confrontés, déjà, à ce phénomène grandissant, dont en Turquie. En posant la question de la constitution d’un parti politique religieux accédant au pouvoir en France, l’écrivain renvoie de fait bien plus au risque d’une extension de ce phénomène à l’Europe et de la responsabilité, tout comme, sur les rives du Bosphore, des élites dans ce processus. Se pose ici dès lors la difficile adéquation entre nécessité de préserver les libertés religieuses en Europe et l’encadrement de toute influence de celles-ci sur le champ politique. Les mouvements communautaristes sont en phase de devenir normalité dans l’ensemble des pays européens. Marginaux pour l’instant, ces mouvements sont à terme susceptibles de peser sur le jeu politique, non pas à travers un projet sociétal mais en défendant les intérêts de telle ou telle communauté ethno-religieuse. « En face », en réaction et en interaction, l’ensemble des pays européens est dans une spirale où le populisme, le racisme et la xénophobie se normalisent également. Les succès récents de Front National en France et de Alternative für Deutschland n’en sont que les derniers exemples.