Cette déclaration d’Adolf Hitler à propos de son choix d’ouvrir en 1938 le congrès du parti par l’ouverture du Rienzi de Richard Wagner, opéra dont le propos était susceptible de concourir à l’édification de son mythe personnel, pourrait bien s’appliquer à toute la politique nazie en matière de musique, et son principe s’étendre à l’ensemble de sa politique culturelle.
Durant les douze années du nazisme, toutes les manifestations artistiques et culturelles - des formes les plus savantes aux plus populaires - seront placées sous le contrôle absolu de l’Etat grâce à un réseau institutionnel tentaculaire resté longtemps sous-estimé. Les Juifs, qu’ils soient musiciens, peintres, écrivains ou encore architectes, professionnels ou amateurs, seront tous sans exception exclus de ce système. Quant aux musiciens et artistes novateurs, ils seront accusés de « bolchevisme culturel ». Néanmoins, certaines formes jugées « impures » perdureront dans l’Allemagne hitlérienne. Ainsi, le jazz, stigmatisé comme « musique nègre » à l’occasion de l’exposition Musique dégénérée organisée en 1938 à Düsseldorf, sera-t-il souvent diffusé à la radio après 1941. De fait, si les nazis confisquèrent à leur profit une partie de la grande tradition artistique et musicale allemande, ils passèrent également maîtres en matière de manipulation, de détournement et de contrefaçon.