« Ouvrir une école, c’est fermer une prison », écrivait notre grand poète visionnaire, Victor Hugo. C’est forte de cette conviction que la Bibliothèque universitaire de La Rochelle tente de contribuer à la réinsertion de détenus par un accompagnement régulier en matière de documentation d’étude, tout en se voulant passerelle culturelle. Elle s’efforce aussi de susciter débats et échanges sur la place publique : rencontre « Culture et prison » en mai 2008, journée d’étude « Étre étudiant en prison » en novembre 2010. Une bibliothèque, a fortiori universitaire, ne peut être que proche de ceux qui choisissent l’étude, projet qui mobilise tout l’être, le tend vers l’avenir, le forme et le transforme. (Olivier Caudron, Directeur de la Bibliothèque universitaire de La Rochelle)
Étudier en prison, une réalité carcérale, partagée par nombre de détenus qui ont parmi d’autres comme élément commun d’avoir été confrontés souvent à l’échec scolaire. La recherche du temps perdu, la confrontation à soi, aux autres expliquent des investissements individuels hors norme, pour quelques uns apprendre à écrire ou lire, à communiquer en français, pour d’autres s’engager dans des études universitaires. Étudiant est ainsi un qualificatif qui s’applique à quelques personnes incarcérées. C’est un cheminement difficile, exigeant pour celui qui l’entreprend, une aventure à dimension humaine pour la personne concernée, parce qu’étudier transforme mais aussi parce que dans ce monde clos qu’est la prison, cela permet des rencontres, celles avec les enseignants, avec des étudiants tuteurs. L’investissement de la Bibliothèque universitaire de La Rochelle s’inscrit dans cette dimension. Elle est présente, elle accompagne le détenu, elle sert de catalyseur, de moteur, elle rapproche l’étudiant détenu de celui qui ne l’est pas, elle contribue à ce que des personnes puissent exister au delà de leur qualité de détenus.
(Jean Letanoux Directeur de la Maison Centrale de Saint-Martin-de-Ré)